Conscientes de l’importance de la qualité des relations commerciales, les entreprises mettent un point d’honneur à entretenir leur relation avec leurs fournisseurs.
Aussi, certaines d’entre elles n’hésitent pas à organiser des événements particuliers et des rencontres annuelles auxquelles elles invitent leurs fournisseurs. Une pratique courante qui permet aux entreprises d’exprimer leur reconnaissance à leurs partenaires privilégiés tout en leur offrant une visibilité au sein d’un réseau professionnel.
En outre, des moyens peuvent être mis en place afin de faciliter les échanges entre entreprises et fournisseurs tels que des outils collaboratifs ergonomiques permettant aux parties d’encadrer leur collaboration par le biais d’échanges fluides et organisés. Un gain de temps précieux pour la compétitivité des partenaires.
Les tâches administratives inhérentes à leur collaboration telles que la facturation ou encore le suivi des commandes sont ainsi facilitées générant une diminution des coûts liés à la gestion administrative.
Si les relations entreprises-fournisseurs, une fois établies, peuvent être très fructueuses, elles comportent des risques juridiques et des problématiques face auxquels l’entreprise cliente doit savoir faire face.
A quoi une entreprise est-elle confrontée face à ses fournisseurs ? Faisons le point.
Le rôle et l’impact des fournisseurs sur l’entreprise clienteUn fournisseur est une personne physique ou une personne morale (entreprise) qui fournit à une autre entreprise cliente (aussi appelée donneur d’ordres) certaines marchandises.
L’entreprise cliente est dépendante du travail du fournisseur puisque c’est grâce à l’expertise de ce dernier qu’elle pourra produire son produit/service final.
Autrement dit, le rôle du fournisseur est de fournir à l’entreprise les inputs indispensables à la production, afin que l’entreprise les utilise pour les transformer en outputs.
Le rôle du fournisseur est fondamental car le résultat du produit final dépendra en partie de la qualité de son travail et de sa réactivité. L’entreprise est par conséquent soumise aux conditions générales de vente du fournisseur en particulier lorsque celui-ci jouit d’une sérieuse réputation. Les entreprises clientes s’adaptent alors plus facilement aux prix des fournisseurs justifiés par une qualité de travail.
Le piège de la dépendance économiqueLa dépendance économique est une situation sensible à laquelle les entreprises peuvent être confrontées.
Une relation de dépendance économique est caractérisée, lorsqu’il est établi qu’une entreprise se trouve dans l’impossibilité de substituer à son donneur d’ordres, un ou plusieurs autres donneurs d’ordres, de façon à faire fonctionner son entreprise dans des conditions techniques et économiques comparables (Com., 3 mars 2004 n° 02-14.529).
Lorsqu’une entreprise cliente privilégie la collaboration avec un fournisseur depuis un moment, elle peut se retrouver dans une situation de dépendance économique.
La dépendance économique est une situation risquée pour l’entreprise cliente puisque si le fournisseur souhaite mettre fin à la collaboration brutalement, l’entreprise se retrouve sans alternative.
En outre, les articles L.420-1 et L.420-2 du Code de commerce interdisent l’exploitation abusive par une entreprise d’une position dominante. Autrement dit, la dépendance économique est sanctionnée lorsqu’elle est exploitée par la partie dominante.
La crise sanitaire a parfois confirmé ces situations à risque lorsque les fournisseurs en état de cessation de paiement ont dû mettre fin à leur activité.
Quelle que soit leur taille, les entreprises doivent donc être vigilantes et diversifier leur panel fournisseurs afin de ne pas tomber dans le piège de la dépendance économique. En cas de fin de collaboration avec leur fournisseur, elles pourront ainsi maintenir leur activité.
Se prémunir contre la dépendance économique relève des stratégies fournisseurs de chaque entreprise. Il faut savoir opérer un choix judicieux entre la diversification du panel fournisseurs parfois plus coûteux et la collaboration exclusive avec une minorité de fournisseurs plus risqués.
Zoom sur les autres risques fournisseursComme nous l’avons vu, la dépendance économique est un risque courant contre lequel les partenaires doivent savoir se prémunir, mais il n’est pas isolé. La relation entreprise – fournisseur comporte d’autres risques.
Les risques fournisseurs surviennent lorsque le fournisseur, en raison de facteurs divers (instabilité économique, manque d’organisation, retards de livraison/paiement etc) est défaillant.
L’Association française de normalisation (Afnor) définit le risque fournisseur comme “ la probabilité, pour un donneur d’ordres, de voir son activité économique se dégrader, voire d’interrompre, à la suite d’un dysfonctionnement dans ses relations avec ses fournisseurs et prestataires ou d’un comportement non souhaité de la part de l’un d’entre eux. “
A l’image des conséquences d’une dépendance économique au fournisseur, les autres risques, lorsqu’ils se réalisent, impactent directement l’entreprise cliente.
Les entreprises peuvent identifier les principaux risques fournisseurs et ainsi s’en prémunir en les catégorisant selon la typologie suivante :
- Les risques stratégiques et financiers (situation économique du fournisseur, trésorerie, état de l’actif et du passif de l’entreprise…)
- Les risques contractuels et légaux (dépendance économique, non-respect des obligations contractuelles /réglementations en vigueur, clauses contractuelles importantes à intégrer telles que : préavis de rupture, rupture abusive, reconduction tacite etc)
- Les risques métiers (stratégie, performance…)
- Les risques techniques (défaillance/rupture supply chain, qualité des produits, délais…)
- Les risques d’image ou d’atteinte à la réputation (collaborer avec un fournisseur sensible et engagé dans une démarche RSE)
Le critère RSE joue désormais un rôle central de valorisation d’une marque.
Au-delà des valeurs éthiques et environnementales que véhiculent la RSE, il y a aussi un impact direct sur l’image et la réputation des entreprises qui s’engagent dans cette politique.
La RSE profite autant aux salariés de l’entreprise qu’aux facteurs du développement durable, le tout en favorisant la compétitivité globale de l’entreprise.
Les entreprises engagées dans une politique RSE sont nécessairement confrontées à la difficulté du choix de leurs fournisseurs selon l’adhésion ou non de ces derniers aux valeurs de la RSE.
En effet, alors que certains fournisseurs jouissent d’une image d’experts de qualité dans leur domaine, l’attention des entreprises sera difficilement retenue en l’absence d’une politique RSE chez ces mêmes fournisseurs.
Une situation parfois complexe lorsque les entreprises ne parviennent pas à trouver les fournisseurs qui allient les critères principaux : expertise, qualité et RSE.
La RSE représente un véritable enjeu économique et en dépit d’une réputation solide de certains fournisseurs, les entreprises préfèrent renoncer aux profils non alignés avec les valeurs de la RSE plutôt que de prendre le risque de se discréditer auprès de consommateurs de plus en plus concernés par les questions sociales et environnementales.
Textes de référence :
- Com., 3 mars 2004 n° 02-14.529
- articles L.420-1 et L.420-2 du Code de commerce